Le projet AAutonom

Le projet AAutonom

L’agriculture est aujourd’hui l’objet de transitions agroécologique et numérique, et il y aurait une vraie valeur ajoutée, encore peu explorée, à les coupler pour mettre le numérique au bénéfice de l’agroécologie, à savoir de la parcelle à la reconception des systèmes alimentaires. Ce couplage d’innovation est au cœur de #DigitAg, l’Institut Convergence Agriculture Numérique.

Issu d'un partenariat entre #DigitAg, le Défi-Clé régional Robotique et MUSEle projet AAutonoM (Agroécologie Autonome en Maraichage: Co-conception de nouveaux systèmes de production maraichers autonomes couplant des innovations agro-écologiques et numériques) a pour ambition d’être l’illustration de ce couplage dans un système maraicher: il s’agit de co-concevoir et de faire la démonstration (POC pour Proof of Concept) d’une assistance robotisée disruptive et d’un système de cultures maraicher nouveau, en posant plusieurs contraintes fortes qui feront l’originalité de l’innovation: le coût bas, la simplicité et la réparabilité du matériel. La technologie devra être compatible avec des systèmes maraîchers de diverses tailles et de divers types, petites structures familiales ou systèmes développés sur plusieurs hectares. 

On observe un besoin fort d’équiper les maraichers – quelle que soit leur structure de production - de technologies pour réduire le temps et la pénibilité des tâches et pour rendre possibles de nouvelles pratiques culturales (mélange de cultures, désherbage électrique) plus bénéfiques d’un point de vue agroécologique.   

Conception AAutonom
Conception AAutonom © #DigitAg

Le projet AAutonoM vise à faire la Preuve de Concept (POC) de l’utilisation de Robots Parallèles à Câbles (RPC) pour assister les maraichers dans cet objectif. Le POC sera centré sur la conception et les tests de faisabilité d’un RPC low-cost, en particulier la recherche d’un positionnement de précision de l’effecteur, la faisabilité technico-économique, la co-conception de nouveaux systèmes de cultures et de nouveaux outils embarqués (par ex. caméra, irrigation, portage de caisses). Le RPC répond à un problème du maraichage, à savoir la charge due au nombre d’interventions manuelles. C’est illustré par l’intérêt de l’agriculture biologique (AB) pour les petits robots mobiles de désherbage. Pour de petites surfaces (comme en maraichage), les RPC ont des avantages par rapport aux robots mobiles (simplicité, couts, consommation énergétique, sécurité).


La POC devra valider la possibilité de concevoir un RPC de coût réduit qui puisse effectuer plusieurs tâches, en autonomie totale ou en collaboration avec le maraicher, grâce à des outils interchangeables au niveau de l’effecteur mobile. Au-delà de la réduction de la pénibilité et des coûts de production, l’intérêt d’un RPC précis et pouvant fonctionner 24h/24 est de permettre d’imaginer de nouveaux systèmes de cultures maraichers plus agroécologiques (mélanges d’espèces, désherbage électrique...), et donc de développer les surfaces maraichères en agroécologie ou en AB.
Le POC sera mis en œuvre à INRAE, sur le site de Lavalette, sur une parcelle gérée par l’UMR G-eau.

Impact attendu sur l’emploi: l’objectif est que le robot permette au maraicher de repenser le design de son parcellaire et de ses itinéraires techniques, de redéployer son travail vers des tâches plus valorisées (vente directe), de réduire les coûts (en particulier en AB, pour alimenter les cantines) et de favoriser les conversions en AB. Il est également de réduire la pénibilité du travail pour rendre plus attractif et vivable le métier de maraîcher. Aujourd’hui, dans la filière 40 % des emplois sont des saisonniers. Cette catégorie d’emplois pourrait être concernée par le robot.

Impact attendu sur les systèmes alimentaires: produire des légumes à moindre coût et suivant les préceptes de l’agroécologie est essentiel aux projets alimentaires territorialisés (PAT) que les collectivités territoriales cherchent à mettre en place pour alimenter la restauration collective, et plus largement, leurs administrés. La métropole de Montpellier (3M) est fortement positionnée sur ce sujet. Ce projet sera proposé à Med Vallée pour devenir un projet emblématique et pourra contribuer au projet métropolitain de Terracoopa.

Si le POC est positif, les prochaines étapes seront de mettre en place une maturation (i) technologique (conception/ réalisation des outils embarqués), (ii) agronomique, organisationnelle, économique et politique, en lien avec MedVallée, pour envisager un déploiement au service du projet alimentaire de territoire poussé par la Métropole 3M. Un tel robot ouvre aussi des voies de recherche en analyse d’images multi-hyperspectrales (détection précoce des maladies), en irrigation de précision, en désherbage électrique et plus largement en agroécologie...
Les retombées attendues sont énormes: nouvelle filière robotique high-low tech, innovation agronomique en maraichage agroécologique, développement des surfaces de maraichage AB, attractivité de l’agriculture, contribution à reconcevoir des systèmes alimentaires territorialisés avec les collectivités territoriales. 

En conclusion, AAutonom traduit l’ambition de contribuer à l’autonomie sur plusieurs dimensions: autonomie du robot (travail de jour et de nuit), autonomie des agriculteurs (car robot high-low tech, de coût réduit), autonomie énergétique (les RPC sont très frugaux, nous étudierons les consommations énergétiques pour envisager un couplage avec des panneaux photovoltaiques), autonomie alimentaire (possibilité de reterritorialiser en France la production de légumes pour nourrir les villes).  

Parcelle
#DigitAg © Christophe Maitre

AAutonoM implique un consortium pluridisciplinaire en robotique (LIRMM, UM), en agroéquipements (UMR ITAP, UMR G-EAU INRAE), en agronomie systémique et en ergonomie (UMR AbSyS, L’Institut Agro et UMR G-EAU), des partenaires reconnus dans leur domaine.