[Thèse soutenue] Romane Guillot

[Thèse soutenue] Romane Guillot : Le numérique, un allié incontournable des agriculteurs pour reprendre le contrôle demain ? Analyse au prisme des stratégies commerciales

Sujet de thèse cofinancé par #DigitAg

Le numérique, un allié incontournable des agriculteurs pour reprendre le contrôle demain ? Analyse au prisme des stratégies commerciales

Romane a soutenu sa thèse le 15 novembre 2024 - Institut Agro Montpellier

Après une formation d’ingénieure agronome à l’Institut Agro avec une spécialisation en économie des systèmes alimentaires, j’ai souhaité poursuivre mes réflexions sur l’intégration des producteurs dans les chaînes de valeur. Ma thèse s’intéresse à la manière dont le numérique modifie l’environnement commercial des producteurs. En particulier, je m’interroge sur la capacité de ces outils à favoriser l’accès aux circuits courts et plus généralement, à aider les producteurs à (re)gagner du contrôle sur leur environnement commercial.
Ce sujet m’intéresse particulièrement car il existe aujourd’hui peu d’analyses sur l’utilisation du numérique par les agriculteurs pour leurs activités commerciales, qu’il s’agisse de l’usage de simples SMS comme de plateformes numériques telles que La Ruche Qui Dit Oui. Je suis persuadée que la transition des systèmes alimentaires ne pourra se faire sans que les producteurs ne soient reconnus pour leur travail et justement rémunérés. Cette thèse permettra de comprendre dans quelle mesure le numérique peut ou non aider à atteindre ces objectifs.

  • Date de démarrage : 1er octobre 2021
  • Date de soutenance : 15 novembre 2024
  • Université : Université de Montpellier
  • Ecole doctorale : EDEG
  • Discipline / Spécialité : Sciences de gestion – Economie
  • Directeur de thèse : Anne Mione (MRM, Université de Montpellier)
  • Encadrant(es)  : Magali Aubert (MoIsa, Inrae) et Federica DeMari
  • Financement : #DigitAg – EDEG
  • #DigitAg : Thèse cofinancée – Axe 1 : Impact des technologies de l’information et de la communication sur le monde rural, Challenge 7 : Intégration de l’agriculture dans les chaînes de valeur,

Mots-clés : Usages du numérique, Plateformes alimentaires, Agriculteurs, Théorie de la dépendance aux ressources, Théorie des coûts de transaction, Commercialisation

Résumé: Le numérique est porteur de nombreux espoirs face aux défis contemporains, notamment dans un secteur en grande difficulté : l’agriculture. Dans un contexte où les agriculteurs perdent progressivement le contrôle de la commercialisation sous la pression des marchés mondiaux et des distributeurs, le numérique est perçu par les pouvoirs publics comme une solution potentielle. D’un point de vue théorique, il pourrait faciliter l’accès et le partage d’informations, mais aussi renverser les rapports de force au sein des filières avec l’arrivée, notamment, des plateformes de vente en ligne. Deux perspectives éclairent de façon complémentaire ces transformations : la théorie des coûts de transaction et la théorie de la dépendance aux ressources. Elles permettent d’examiner les effets du numérique sur le contrôle de deux éléments clés de la commercialisation : les coûts de transaction et l’incertitude.
Afin de mesurer ces effets, nous adoptons une méthodologie mixte qui s’appuie sur des enquêtes quantitatives et des entretiens semi-directifs auprès, d’une part, des maraîchers, particulièrement soumis aux coûts et à l’incertitude commerciale, et d’autre part, des gestionnaires de plateformes. Nous mobilisons plusieurs méthodes telles que l’appariement par matching et la Qualitative Comparative Analysis (QCA) et nous approchons le numérique à travers ses usages, en analysant plus en détail le recours aux plateformes.
Nos résultats montrent que le recours au numérique peut réduire les coûts de transaction et l’incertitude. Néanmoins, cet effet varie selon l’orientation commerciale de l’agriculteur (vente directe ou indirecte) et, surtout, selon l’usage du numérique. Certains usages, comme ceux visant à mettre en avant les produits ou les pratiques, sont particulièrement efficaces, tandis que d’autres, comme le partage d’informations avec un client exerçant un fort déséquilibre de pouvoir, peuvent aller à l’encontre des intérêts des agriculteurs. L’intérêt des outils numériques pour organiser les ventes, tels que les plateformes, dépend lui des objectifs de l’agriculteur. Nous identifions plusieurs types de plateformes dont les modes de gouvernance et d’intermédiation varient, offrant des modalités de reprise de contrôle plus ou moins adaptées à la stratégie de chaque agriculteur.
Finalement, nous soutenons que le numérique doit être utilisé de manière stratégique, en fonction des objectifs et des situations commerciales des agriculteurs. Plutôt qu’une panacée, il constitue un des leviers à leur disposition pour renforcer le contrôle sur la commercialisation.

Composition du jury:

  • Anne Mione, Professeur des Université, Université de Montpellier, directrice de thèse
  • Magali AUBERT, Ingénieur de Recherche, INRAE, co-encadrante de thèse
  • Karine LATOUCHE, Directrice de Recherche, INRAE, rapporteuse
  • Laurence SAGLIETTO, Professeur des Universités, Université Côte d’Azur, rapporteuse
  • Pierre LABARTHE, Directeur de Recherche, INRAE, président de jury
  • Fanny LEPAGE, Professeur adjointe, Université Laval, examinatrice
  • Anne TOUBOULIC, Associate Professor, Nottingham University Business School, examinatrice

Contact : romane.guillot@umontpellier.fr - Tél: 06.83.56.00.00

Réseaux sociaux  : LinkedIn

Articles dans des revues 

Conférences avec comité de lecture