[Thèse soutenue] Théo Martin

[Thèse soutenue] Théo Martin: Les Sentinelles de l’Etable. Robotisation de la traite et nouvelle division du travail dans l'élevage laitier français

Théo a soutenu sa thèse le 27 octobre 2023 à l'Institut Agro.

Les Sentinelles de l’Etable. Robotisation de la traite et nouvelle division du travail dans l'élevage laitier français

Je suis doctorant en géographie au département SAD (Science pour l’Action et le Développement) de l’INRA de Montpellier, au sein de l’UMR Innovation, en lien avec l’UMR Agir (Inra Toulouse).

Agro-économiste de formation, j’ai travaillé à la FAO Sénégal sur l’adaptation au changement climatique et l’évaluation de projet. Depuis mon retour en France, je m’intéresse au fonctionnement socio-économique des exploitations. Ce fut le cas dans un institut technique (pôle économie d’Arvalis) et depuis peu en thèse de géographie économique et sociale à l’INRA de Montpellier.

Je me consacre à l’étude des transformations du travail à l’échelle de l’exploitation agricole et du territoire dans un contexte de robotisation et numérisation des exploitations agricoles. Beaucoup de questions émergent lorsque le robot rencontre le travail. Le robot remplace-t-il l’agriculteur ? Les robots nous invitent-ils à reconcevoir la nature et l’organisation du travail dans les exploitations agricoles ? Externalisation, organisations collectives, spécialisation, salarisation : autant de phénomènes d’évolution du travail que je cherche à éclairer à l’aune de la rencontre entre travail et robot.

Le travail et plus particulièrement les travailleurs sont souvent les oubliés des questions que posent les évolutions agricoles et agraires en cours. Il me semble que les transformations robotiques et numériques invitent à actualiser l’analyse du travail et des rapports entre facteurs de production.

  • Date de démarrage : Septembre 2019
  • Université : Institut Agro & Paul Valery Montpellier
  • Ecole doctorale : Territoires Temps Sociétés et Développement (ED60 TTSD)
  • DIscipline(s) / Spécialité(s) : Géographie économique et sociale
  • Directeur(s) de thèse : Lucette Laurens (Université Paul Valery – Montpellier)
  • Co-encadrant(s) : Pierre Gasselin (Inrae, Innovation) et  François Purseigle (ENSAT UMR Agir)
  • Financement : #DigitAg & Inrae
  • Projet de recherche : Métaprogramme INRA GLOFOODS
  • #DigitAg : Thèse cofinancée – Axe 1 – Challenge : sujet transversal

Mots-clés: Innovation, agriculture numérique, travail, exploitation agricole, territoire, gestion de l’exploitation, automatisation, TIC

Résumé : En agriculture, les robots participent d’une promesse de durabilité et d’accroissement de la productivité du travail. Ils sont mis aussi en avant pour leur capacité à résoudre les problèmes de main-d’œuvre du secteur, à réduire la pénibilité du travail agricole voire à se substituer aux agriculteurs. Ces promesses et les craintes associées s’ancrent dans un imaginaire de substitution du travail humain qui, depuis la naissance des robots dans la science-fiction du XXe siècle, continue de façonner nos représentations collectives. Si le déploiement des robots agricoles est limité, la robotisation de la traite des vaches laitières constitue la seule innovation robotique à avoir connu un essor soutenu dans le temps. Les premiers robots de traite arrivent dans les exploitations laitières françaises au cours des années 1990 et représentent aujourd’hui près d’une nouvelle installation de traite sur deux. Alors que les gestes de la traite disparaissent, le travail se réorganise autour d’une activité de surveillance et d’intervention nécessaire au maintien d’une traite continue. Car le passage de la traite dite conventionnelle à la traite robotisée transforme la traite en un processus continu dont l’idéal trouve racine dans le principe de fluidité industrielle. Il en découle une nouvelle division du travail organisée autour d’une astreinte de fluidité. En proposant un cadre d’analyse de la division du travail agricole, cette thèse identifie et analyse les changements dans cette division du travail en traite robotisée. La division du travail mise en place au cours de la modernisation agricole du XXe siècle révèle des déclinaisons territoriales qu’une analyse historique et comparative met en lumière au sein de deux petites régions agricoles françaises : le bassin ouest rennais en Ille-et-Vilaine et la zone d’appellation d’origine protégée du Reblochon en Haute-Savoie. Cette thèse montre comment la robotisation de la traite participe d’une reconfiguration de la division du travail dans quatre dimensions. i. Au sein de l’exploitation agricole, la nouvelle organisation du travail facilite l’intégration du travail salarial et son contrôle. Elle consiste également en un élargissement de l’amplitude horaire du travail de l’éleveur et en une plus grande porosité entre travail et hors travail. ii L’astreinte de fluidité mobilise la coopération locale entre éleveurs et participe à comprendre la dynamique géographique de déploiement du robot de traite. La robotisation de la traite peut cependant rendre conflictuels certains accommodements collectifs : dans la zone Reblochon, son déploiement révèle et conflictualise une division territoriale du travail de qualité. iii. Le travail d’astreinte devient aussi celui des techniciens au sein de bassins de maintenance dans un vaste réseau de concessionnaires et franchises du machinisme de la traite. iv. Enfin, la nouvelle organisation du travail qui accompagne la traite robotisée révèle l’aspiration des éleveurs à intégrer des rythmes sociaux dont ils étaient jusqu’alors exclus.

Contact : theo.martin [AT] inrae.fr​ 

Réseaux : ResearchGateLinkedIn

Voir aussi

Publications dans revues internationales 

Communications scientifiques

Date de modification : 19 janvier 2024 | Date de création : 22 août 2022 | Rédaction : ZM