[Thèse soutenue] Eléonore Schnebelin

[Thèse soutenue] Eléonore Schnebelin: Le développement du numérique dans les trajectoires d’écologisation de l’agriculture en France

Eléonore a soutenu sa thèse le 12 Juillet 2022 à 14h à l’Institut Agro

Le développement du numérique dans les trajectoires d’écologisation de l’agriculture en France

Sujet de thèse cofinancé par #DigitAg

 

Je m’appelle Eléonore Schnebelin, je suis agronome de formation, diplômée d’AgroParisTech, avec une spécialisation en économie de l’agriculture et des ressources. Je réalise ma thèse en économie à l’Inra Montpellier au sein de à l’UMR Innovation et en partenariat avec l’UMR AGIR de Toulouse, co-encadrée par Jean-Marc Touzard et Pierre Labarthe. Je travaille sur l’arrivée du numérique dans le secteur agricole et son enjeu pour la transition agroécologique. Cette thèse m’a intéressée car elle traite d’un sujet très actuel. Le numérique se développe de façon importante dans le secteur agricole, il offre de nombreuses perspectives mais soulève beaucoup de questionnements. Comment le numérique influence les systèmes d’innovation de l’agriculture, c’est-à-dire ses réseaux, ses acteurs, ses institutions, ses dynamiques de connaissance, et influence la transition agroécologique, en favorisant ou non certains modèles agricoles ? Il  n’existe que peu d’information sur les usages du numérique par les agriculteurs. Ainsi, un travail d’enquête auprès d’eux permettra d’établir différents profils d’usages du numérique afin de comprendre comment se fait ce développement, et quels en sont les impacts.

  • Date de démarrage : Octobre 2018
  • Université : MUSE Montpellier Université d’Excelle – Institut Agro
  • Ecole doctorale : Économie et Gestion de Montpellier (EDEG) – ED 231
  • Discipline(s) / Spécialité(s) : Sciences économiques, Agro-économie
  • Directeur(s) de thèse : Jean-Marc Touzard (Inrae, UMR Innovation)
  • Encadrant(s) : Jean-Marc Touzard (Inrae, UMR Innovation) & Pierre Labarthe (Inrae, UMR Agir)
  • Financement : #DigitAg – Inrae
  • #DigitAg : Thèse cofinancée – Axe 2 – Challenge 1,

Mots-clés: Trajectoires d’écologisation, digitalisation, système d’innovation, usages du numérique, transition agroécologique, économie institutionnelle

Résumé: Le développement du numérique est mis en avant comme solution aux enjeux économiques et environnementaux de l’agriculture, alors que ses effets font l’objet de controverses. Celles-ci questionnent notamment la capacité de ces technologies à intégrer et influencer les différentes voies d’écologisation de l’agriculture. L’objectif de cette thèse est de montrer comment la digitalisation interagit avec le système d’innovation agricole français, ses paradigmes et les trajectoires d’écologisation de l’agriculture. Pour ce faire, je propose une approche en économie institutionnelle et multi-niveaux des systèmes d’innovation, basée sur un travail empirique important, ainsi qu’une méthodologie associant analyses quantitatives et qualitatives. Une première partie de la thèse se concentre sur l’échelle du système d’innovation agricole. À partir d’entretiens semi-directifs avec des acteurs du secteur (recherche, conseil, syndicats, coopératives…), je montre que les attentes et risques perçus, ainsi que les stratégies de digitalisation, sont différents selon que les acteurs se rattachent à l’agriculture biologique ou conventionnelle. Ces différences sont toutefois peu perçues par les acteurs du numérique, suggérant un risque que les technologies soient développées selon le seul référentiel de l’agriculture conventionnelle. Une deuxième partie se focalise sur les usages du numérique par les agriculteurs dans leurs exploitations. À partir de 98 entretiens avec des agriculteurs en grandes cultures en Occitanie, je construis des profils d’usage pour deux types de technologies numériques : celles pour la production (guidage, modulation etc.) et celles pour l’information et la communication (réseaux sociaux, sites internet etc.). Dans l’ensemble, les usages du numérique dans les exploitations accompagnent plutôt des stratégies d’écologisation faible, ou symbolique, associées à une trajectoire d’industrialisation, caractérisée par la spécialisation, la concentration, le recours croissant au salariat et à la sous-traitance et l’intégration dans les chaînes de valeur agrialimentaires. Les effets sont plus paradoxaux en ce qui concerne la standardisation des pratiques et les dynamiques autour des connaissances dans le secteur, avec des dynamiques nouvelles d’échanges de connaissances entre pairs qui peuvent s’associer à des trajectoires d’écologisation plus fortes. Une troisième partie questionne les interactions entre le système d’innovation et les usages individuels, en se focalisant sur un acteur intermédiaire : les caves coopératives dans le secteur viticole. Nos résultats montrent que ces organisations, centrales dans les processus d’écologisation et de digitalisation, éprouvent des difficultés pour les articuler du fait d’objectifs, de partenaires et de politiques publiques qui ne sont pas forcément en cohérence. Ces coopératives ont toutefois des marges de manœuvre pour réaffirmer leur rôle et permettre aux viticulteurs de jouer un contre-pouvoir dans la trajectoire de digitalisation. Ce travail de thèse met en évidence que selon les paradigmes et les modèles agricoles auxquels les acteurs se rattachent, les perceptions et les usages du numérique sont différents. La digitalisation n’apparaît pas comme la résultante de comportements dits « pionniers » mais dépend de la diversité des modèles et paradigmes, en interaction avec un système socioéconomique qui propose, incite, voire impose ces technologies. La digitalisation actuelle montre plusieurs formes d’oppositions vis-à-vis de l’écologisation forte de l’agriculture, que ce soit en terme techniques, d’objectif, de raisonnement, de dynamique temporelle mais aussi d’enjeux politiques et sociaux. Des hybridations semblent toutefois possibles dans le cas de formes d’écologisation industrielle, mais aussi à travers une transformation plus globale de la digitalisation elle-même en repensant ses modèles techniques, économiques et politiques.

Composition du jury :

- Blandine Laperche et Philippe Jeanneaux (Rapporteurs)
– Véronique Bellon-Maurel
– Vincent Frigant
– Jean-Michel Salles
– Steven Wolf
– Jean-Marc Touzard
– Pierre Labarthe

Contact :  jean-marc.touzard [AT] inrae.fr

Réseaux : ResearchGateLinkedIn

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Date de modification : 10 octobre 2023 | Date de création : 23 août 2022 | Rédaction : ZM