Le procès du numérique

Le procès du numérique

Lors de la #DigitAgora 2023, un exercice de type “procès du numérique” a été mené de manière participative avec une trentaine d’étudiants de #DigitAg répartis en trinômes et avec comme “avocats” F. Garcia et V. Bellon Maurel, deux des co-auteurs du livre blanc “Agriculture et Numérique”. Il a permis de collecter des arguments en faveur du développement du numérique et les risques potentiels, tels que vus par les étudiants. Ils ont ensuite été regroupés en clusters par les “avocats” qui les ont commentés.

- Côté “avantages”, le brain storming fait ressortir 5 notions (productivité du travail, meilleure gestion de l’exploitation à court et long terme, réduction de la pénibilité/ attractivité, mise en réseau, gain environnemental). 

PRODUCTIVITE : L’utilisation des technologies numériques en agriculture peut aider à compenser le manque de main d’œuvre, à améliorer la productivité et l’efficacité du travail agricole, tout en réduisant les coûts et le temps nécessaires pour effectuer certaines tâches. GESTION: La gestion de l’itinéraire technique est facilitée par les outils d’aide à la décision qui donnent accès à des descriptions de l’état des cultures(ou des animaux), à des prédictions ou à des prescriptions (de doses). La gestion de l’exploitation à plus long terme peut être améliorée par des modélisations de scénarios. 

RESEAU : La numérisation facilite la mise en réseau entre agriculteurs, ce qui permet le partage de matériel et de connaissances, une utilisation plus efficace des ressources matérielles et une réduction des coûts. Elle facilite la collecte, l'accessibilité et le partage des données menant à un meilleur accès à l'expertise et à la possibilité d’ouvrir d’autres modes de collaboration avec la recherche. 

PENIBILITE : La pénibilité du travail et la charge mentale des agriculteurs peuvent être réduites et la productivité et l'efficacité accrues par certaines technologies (robotique, alertes automatisées) dans les exploitations agricoles, ce qui contribue à la modernisation du secteur. En améliorant le confort de travail, en réduisant les astreintes et en facilitant la connexion au monde, le numérique en agriculture pourrait également contribuer à rendre ce métier plus attractif. 

ENVIRONNEMENT : Elles peuvent aussi permettre de réduire l'impact environnemental de l'agriculture et participer à une meilleure gestion des ressources, voire d’aider à la reconception des systèmes, via des outils d'aide à la décision stratégique. A ces divers points énoncés, on doit ajouter deux avantages potentiels non cités: la collecte de données de traçabilité qui pourraient être valorisées dans la chaîne de valeur et le rôle des modèles d’accompagnement dans la prise de décision pour la gestion territoriale des ressources (par ex. l’eau)

Côté “Risques”, cinq grandes familles ont été identifiées (accès, dépendance, risques technologiques, impacts sur le métier, coût environnemental et social). 

DEPENDANCE : La dépendance accrue des agriculteurs aux technologies numériques en est un. La question de la protection et de l’usage des données produites par les outils inquiète les utilisateurs. 

TECHNOLOGIQUES : Les risques technologiques (mauvais paramétrage, panne, voire cyberattaque) existent comme dans tous les secteurs. 

COUT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL : Dans la suite des effets de la mécanisation, la robotisation et l’automatisation peuvent conduire à une réduction de l'emploi dans le secteur agricole, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les communautés rurales. 

ACCES : L'adoption des technologies numériques peut être coûteuse pour les petits agriculteurs, financièrement et en temps, avec la nécessité de formations, ce qui pourrait entraîner des inégalités d’accès. 

METIER : La numérisation en agriculture pourrait aussi se traduire par une standardisation des protocoles et menacer les savoir-faire traditionnels et impacter fortement le métier d’agriculteur. Enfin, l’impact environnemental de l’agriculture numérique - par rapport aux gains potentiels de leur usage- n’est encore pas bien connu, qu’il soit direct (coût environnemental et énergétique des technologies) ou indirect, si l’usage du numérique s’arrête à des gains d’efficience et n’est pas utilisé pour repenser en profondeur les systèmes de production. Ces différents risques énoncés pourraient être complétés par des risques de perte de temps dûs à une mauvaise interopérabilité des systèmes.

En conclusion, dans la conduite de la recherche et de l’innovation, il sera indispensable de bien intégrer les risques identifiés pour orienter les recherches afin de concrétiser les avantages potentiels, avec des dispositifs (technologiques, économiques, réglementaires) pour limiter les risques. Cette approche de type “Recherche et Innovation Responsable” est aussi la conclusion du Livre Blanc INRIA-INRAE “Agriculture et Numérique

RDV ici pour retrouver l’ensemble des arguments en faveur ou en défaveur du numérique, et les commentaires des “avocats” pour éclairer ces arguments.

Date de modification : 18 juillet 2023 | Date de création : 05 juillet 2023 | Rédaction : EM