« 70000 emplois sont à pourvoir dans le secteur des agro-équipements », c’est le chiffre annoncé au SIMA 2019 par Didier Guillaume, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. En janvier dernier, à l’initiative de la Graduate School de #DigitAg, Eric Dubreuil, enseignant responsable du parcours Systèmes embarqués à PolyTech Montpellier, accueillait Guillaume Bocquet, responsable du pôle technique d’Axema (Union des Industriels de l’Agroéquipement), pour présenter la filière agriculture / agroéquipements mal connue de ses étudiants. Les élèves-ingénieurs étaient invités à aller plus loin : direction Paris pour 3 d’entre-eux qui reviennent à chaud sur 3 jours de rencontres, visites et conférences au SIMA, mondial bisannuel des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage.
A PolyTech Montpellier Romain Pessato et Nicolas Gaudin sont en master MEA – Microélectronique et automatique, et Yannick Semène termine dans 6 mois le master SE – Systèmes embarqués, qu’il effectue en alternance chez Groupe Seb à Dijon. Ils y acquièrent des compétences en mathématiques, physique, électronique & microélectronique, automatique & robotique, génie informatique et informatique industrielle, mais aussi en sciences humaines et sociales pour les ingénieurs.
Avant ces rencontres, connaissiez-vous le monde agricole et ses équipementiers ?
[Romain] : Je baigne dans ce monde depuis toujours, mon père était agriculteur. Je connaissais un peu le matériel et ses problématiques, j’avais conscience des besoins du secteur.. A Toulouse où j’ai démarré mes études supérieures, peu étaient intéressés par le secteur agricole par rapport à l’aéronautique,, grand recruteur européen de notre branche avec l’automobile.
[Nicolas] : Mon grand-père était agriculteur, mon oncle a repris l’exploitation. J’habite à la campagne, donc je connaissais le matériel, mais les petites machines mécaniques, pas les grosses machines présentes au SIMA bourrées de capteurs, de nouvelles technologies. J’avais conscience des innovations qui arrivaient, mais pas à ce point, je ne pensais pas que ce serait aussi rapide en agriculture, et du coup, venir au SIMA m’apporte beaucoup. Il me semble qu’il faudra encore du temps pour que les agriculteurs fassent confiance aux nouvelles technologies. Ceux que je connais tiennent encore au papier pour gérer leur exploitation. Je pense qu’il faudra une ou 2 générations pour que cela soit accessible à tous les agriculteurs, qu’ils acceptent et utilisent ces avancées technologiques.
[Yannick] : Mes grands-parents sont vignerons, mais je connaissais peu les nouvelles technologies en agriculture, à part quelques termes entendus dans les médias. Je savais qu’il y avait beaucoup de matériel développé, mais j’avais l’impression qu’il s’agissait d’un marché de niche. Les visites et les conférences m’ont bien éclairé, je me rends compte que c’est un secteur très porteur, avec de nombreux projets en cours. Il y a beaucoup de choses à faire par rapport à d’autres domaines, où c’est tout de même assez « réglé ». C’est intéressant, ça donne envie de travailler dans le domaine,
Qu’est-ce qui vous a plus particulièrement marqué ?
[Romain] : au niveau technologique la volonté des marques d’avoir du matériel interconnectable : la certification Isobus en train de se mettre en place va simplifier la communication tracteur-outil et donc la vie des agriculteurs.
[Nicolas] : plusieurs conférences super intéressantes sur différents sujets : la cybersécurité des données, la robotique, le développement durable en agriculture… En anglais en plus, ça nous a entraîné 😉 . Le village start-ups aussi, avec ses présentations d’applications web, projets techniques, robots… Nous y avons rencontré de jeunes entrepreneurs très ouverts à la discussion technique, on a eu beaucoup de contacts pour des stages et des pistes pour des emplois.
[Yannick] : les conférences très intéressantes, et comme je finis mes études dans 6 mois, j’ai été particulièrement marqué par les possibilités d’échange avec des entrepreneurs. Je me rends mieux compte de l’importance des opportunités d’emploi en agriculture.
Vos coups de coeur ?
[Romain] : une solution de la startup Lituus qui propose un service d’aide à la décision aux éleveurs de vaches, C’est un collier connecté qui informe l’éleveur 24h/24 sur les cycles de reproduction (détection des chaleurs), les troubles de santé et le confort de ses animaux. Les capteurs détectent les mouvements, ruminations, la température des animaux et de leur environnement et permet à l’éleveur d’anticiper maladies et cycles de reproduction. C’est une startup installée à Lille créée par un espagnol et un franco-russe. [ Site Litius – Article d’EuraTechnologies ]

[Nicolas] : Une innovation qui n’est pas un objet connecté : GridCon, un tracteur autonome de John Deere, sans batterie, mais alimenté par un câble électrique enrouleur d’un kilomètre ! [ [vidéo Démonstration GridCON John Deere – Article de Plein Champ ]. Et Naïo Technologies, une entreprise toulousaine que je suis déjà depuis un moment. Sur le stand j’ai pu parler de leurs projets, notamment un robot désherbeur pour le vignoble [ robot TED Naïo Technologies ].
[Yannick] : les conférences que j’ai préférées étaient celles sur la digitalisation et le machine learning, notamment l’intervention d’un conférencier japonais sur l’apprentissage automatisé. J’ai aussi très apprécié les projets de recherche présentés sur le stand d’Irstea, tant les capteurs que la robotique.
Qu’est-ce qu’il vous faudrait pour poursuivre dans ce secteur ?
[Nicolas] : j’avais déjà l’idée de travailler dans ce secteur avant le salon. Ce qui m’intéresse plus particulièrement ? La vision numérique, l’analyse, la mécanique m’intéresse aussi même si je ne suis pas encore expert du domaine. Je vais chercher un stage dans le secteur puis un emploi probablement.
[Yannick] : le salon m’a éclairé, m’a permis d’affiner ce qui me plait dans ce secteur. Je suis plus attiré par les petits équipements, des technologies agiles, en robotique notamment. J’envisage sérieusement de poursuivre en thèse..
[Romain] : j’ai toujours voulu travailler dans le secteur de l’agriculture et j’y ai déjà fait un stage, donc je vais poursuivre, mais, sans cette opportunité de visite au SIMA, je pense que la plupart des étudiants n’en auraient pas l’idée.
Tous trois concluent avec un message pour leurs enseignants : « il faudrait parler plus du secteur agricole aux étudiants et poursuivre ces propositions de découverte à ceux qui se montrent intéressés. De l’extérieur on ne perçoit pas la transformation du secteur. En participant à ce salon par exemple, on découvre les enjeux et la diversité des entreprises : il n’y a pas que les « poids-lourds » du machinisme, on y a vu beaucoup de petites entreprises avec des solutions diversifiées. »
Éric Dubreuil, enseignant responsable du parcours Systèmes embarqués @PolytechMontp aux étudiants : «le secteur agricole va vous apporter autant d’emplois que l’aéronautique » pic.twitter.com/F9HcdGyush
— #DigitAg (@DigitAgLab) 21 janvier 2019
Sima Innovation Awards 2019Collecte de données fiables, prise de décisions fines, acquisition de nouvelles connaissances agronomiques :
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En savoir plus :
- PolyTech Montpellier > Masters MEA-Microélectronique-Automatique et SE-Systèmes embarqués (alternance)
- Axema
- SIMA 2019